Etude du Projet de Développement
Rural Intégré
de Amaîria – Grafa
à Aîn Draham
Introduction
Les régions montagneuses du Nord Ouest et en particulier
les zones de Kroumerie constituent l’une des principales zones
du Nord ouest les plus touchées par la pauvreté et
la dégradation des ressources naturelles malgré l’importance
de leurs potentialités agronomiques, forestières,
pastorales et hydriques.
La zone de Amaïria- Grafa est l’une des zones de Kroumerie
les plus défavorisées en matière de développement
socio-économique et la plus menacée par l’érosion
et la dégradation de ses ressources naturelles du fait d’une
pression humaine et animale sur le milieu naturel qui s'accentue
continuellement par la pratique d’une agriculture de subsistance
et d’un élevage extensif, en absence d’autres
sources de revenu et d’un système de financement adéquat
pour la promotion des micro-activités génératrices
de revenus.
En plus, la zone n’a bénéficié d’aucune
intervention de développement dès l’année
1994 autant que les zones limitrophes tel que Azaizia et Ouled Aridh
qui ont fait l’objet de plusieurs interventions de la part
de l’Office de Développement Sylvo-Pastoral du Nord
Ouest (ODESYPANO) dans le cadre du projet PCF. On note également
la présence d’une zone enclavée avec un environnement
touché par le phénomène d’érosion.
En face des problèmes de sous développement et des
risques de dégradation des ressources naturelles, l’Office
de Développement Sylvo-Pastoral du Nord Ouest, en collaboration
avec la Fondation ATLAS pour l’Auto-développement et
la Solidarité, ont vu la nécessité d’intervenir
dans cette zone et de mener une étude de développement
intégré basée sur une approche participative
et intégrée qui vise l’implication de la population
dans tout le processus de développement du terroir à
savoir de l’étape diagnostic jusqu’à l’exécution
et le suivi évaluation du projet. Dans ce cadre, la population
est considérée comme partenaire actif de développement
et non comme cible. L’intervention dans cette zone est favorisée
en plus par la motivation de la population qui s’avère
convaincue par les menaces présentées par la dégradation
de ses ressources naturelles sur leur avenir
Les objectifs du projet:
Ce projet a comme objectifs:
La gestion efficace et durable des ressources naturelles
L’amélioration des conditions de vie de la population
sur les bases d’un développement durable.
Pour atteindre ces objectifs, ce projet vise particulièrement:
L'organisation de la population en Groupement de Développement
Agricole a statut formel pour leur participation active et efficace
à toutes les étapes de développement et prendre
en charge les actions du projet,
L'implication concrète des femmes dans l’ensemble de
ce processus en tant qu’actrices et bénéficiaires
Les activités envisagées s’articulent principalement
autour des axes de développement suivants:
L’amélioration de l’infrastructure (pistes, points
d’eau, Dispensaire, habitat, centre d’animation ),
L’augmentation de la production agricole (élevage,
irrigation, arboriculture, etc..) et forestière (exploitation
des sous produits forestiers),
Le
développement des activités hors sol et extra-agricoles
(petit élevage, artisanat, ...),
La
conservation des eaux et des sols,
La promotion d’une culture communautaire et environnementale.
Démarche adoptée:
La démarche adoptée pour la réalisation de
cette étude est inspirée de l'approche de développement
participative qui se base sur l'implication active de la population
dans tout le cycle du projet et ceci dans le but de savoir les besoins
et les problèmes réels de la population et garantir
par la suite la durabilité et la viabilité des actions
à entreprendre .
Les étapes suivies se résument comme suit :
Réunions
de sensibilisation avec la population pour expliquer le but de l'étude,
Réunions avec la population pour la formulation des problèmes
et solutions envisagées,
Délimitation du terroir par les spécialistes matières,
Discussion avec les personnes ressources pour collecte des informations
secondaires,
Diagnostic du terroir pour l'étude de la situation actuelle,
Etude de faisabilité des propositions par les spécialistes
matières,
Discussions avec la population sur les modalités de contribution
du projet,
Elaboration de l'étude.
Analyse - Diagnostic du milieu : Situation actuelle
Présentation de la zone:
La zone de Amairia- Grafa, objet de cette étude, fait partie
du secteur Sloul, relevant de la Délégation Aîn
Draham et de Gouvernorat de Jendouba. Elle est limitée au
Nord et à l’Est par la forêt et au Sud et l’Ouest
par l’Oued Sloul. On y accède par la route goudronnée
Ain Draham-Sidi Abd Allah qui se prolonge en piste forestière
jusqu’aux douars
Toute la zone d’étude couvre une superficie de 291
ha dont environ 200 ha de foret domanial, et compte une population
de 240 ménages totalisant 1200 habitants.
1 Le Milieu naturel
Le secteur fait partie de l’une des nombreuses zones de
la chêne montagneuse de kroumerie et se situe au piedmont
de Djebel sloul et a relief très accidenté avec une
pente qui varie de 20 à 50%. Le terroir est traversé
par plusieurs ravins qui s'élargissent de plus en plus au
dépend des terres agricoles en absence de toute forme de
protection (fascine, végétation, etc.). Le couvert
végétal est très dégradé, ce
qui favorise l’érosion par les eaux de ruissellement.
Les sols sont généralement de nature peu évoluée
à caractère vertique mais très pauvre et épuisé
par une pratique culturale extensive (l'utilisation d'engrais est
totalement absente).
Le climat dominant dans la zone est le sub-humide, à pluviométrie
annuelle qui dépasse 1500mm, avec des précipitations
torrentielles favorisant le transport des solides en absence d'un
couvert végétal permanent
L’observation du terroir montre un état de dégradation
très grave et qui nécessite une intervention urgente.
2 Le Milieu humain
2.1 La population
Le terroir Amaïria-Grafa est composé de 240 ménages,
soit une population de 1200 personnes, d’où une taille
moyenne de 5 personnes par ménage. L’analphabétisme
touche 70% des chefs de ménage et 95% des femmes.
2.2 Les sources de revenu:
Les principales sources de revenu de cette population proviennent
du travail sur les chantiers organisés par la direction des
forêts et de la vente des produits de l'élevage. le
revenu familial ne dépasse pas 1500 Dt / an.
2.3 Les conditions de vie :
La population de Amairia-Grafa vit dans des conditions très
difficiles dues essentiellement à l’éloignement
et l’insuffisance des services, aux conditions sévères
du milieu naturel ( relief et climat), et à la pauvreté
accrue de la famille.
L’accès:
La zone Amairia-Grapha est accessible de sa partie Est par une piste
agricole qui amène au centre ville de Aîn Draham à
une distance d’environ 15 km, qui n’est pas bien entretenu.
Les fossés d’évacuation des eaux pluviales sont
endommagés ce qui résulte des problèmes d’érosion
et de dégradation des terres en proximité de la piste
par l’écoulement des eaux de ruissellement.
L’habitat:
La qualité de l’habitat a été tenue pour
un des principaux critères visibles aidant à apprécier
le standard de vie de la population.
La majorité des habitats sont rédumentaires et s'appauvrissent
au minimum des conditions sanitaires. Ces habitats peuvent être
réparties dans les catégories suivantes: maisons avec
toit en tuile, maisons avec toit en dalle mais dont le nombre des
pièces ne dépasse pas les 2 pièces et gourbis.
cette dernière classe rassemble les constructions traditionnelles
de branchages et celles en dur couvertes en zinc.
L'électricité:
L’électrification ne présente pas un problème
dans la zone, du fait que tous les habitats sont associés
au réseau du STEG.
L’eau potable:
Malgré les potentialités hydrauliques que possède
le terroir, la population souffre d’un manque en eau potable,
qui se traduit par l'éloignement de certaines familles du
points d’eau. La seule source qui existe dans le douar ne
suffit pas les besoins d’abreuvement en été,
ce qui pousse la population d’aller chercher de l’eau
dans les douars les plus proches et de parcourir 2 ou 3 Km.
Les services:
La population souffre beaucoup de l'éloignement des services
(santé, école, épicier, centres de loisir,
approvisionnement en intrants, ). Le dispensaire le plus proche
de la zone se trouve à 15km (dispensaire d’Aîn
Draham).
2.4 Aspects spécifiques de la condition
féminine
La population féminine de la zone est à 95% analphabète;
aucune femme n’exerce une activité salariée,
seulement quelques jeunes filles employées de maison à
Tunis envoient une part importante de leur salaire à leurs
parents.
Les femmes n’ont que rarement l’occasion de quitter
leurs douars. Elles ne se déplacent que pour aller parfois
au souk ou à une visite médicale à Aîn
Draham.
Dans cette zone de montagne, les femmes assurent la plus grande
partie des travaux liés à l’agriculture et à
l’élevage, pendant que les hommes s’engagent
dans les chantiers des forêts. A côté des travaux
agricoles, s’ajoute la corvée pour l’approvisionnement
en eau et en bois.
Coût du Projet
Composantes |
Unité |
Quantoté |
Coût (DT) |
Amelioration
des conditions de vie |
Construction Dispensaire sante de base |
Nb |
1 |
40.000 |
Construction Centre de développement
communautaire |
Nb |
1 |
55.000 |
Aménagement source eau potable |
Nb |
1
|
20.000 |
Amélioration de l’habitat |
Nb |
50 |
160.000 |
|
|
|
275.000 |
Activites
Generatrices de revenus |
Arboriculture |
|
|
|
Arboricultures fruitière |
Ha
|
10 |
21.000 |
Arboriculture semi-forestière
|
Ha
|
20 |
30.000 |
|
|
|
51.000 |
Aménagement du périmètre
irrigué |
|
|
|
Clôture |
ml
|
2500
|
25.000 |
Conduite d’irrigation + vanne
de distribution |
ml |
2000
|
40.000 |
Développement des cultures Fourragères en irrigué
|
Ha |
10
|
12.000 |
Développement des cultures maraîchères
|
Ha |
14 |
21.000 |
|
|
|
98.000 |
|
|
|
149.000 |
Promotion des activités féminines |
Développement des petits métiers |
Ménages
|
30 |
45.000 |
Jardins familiaux |
Ménages |
50 |
25.000 |
Apiculture |
Ménages |
50 |
80.000 |
|
|
|
150.000 |
Promotion
de l’élevage |
Construction de bergerie |
Nb |
50 |
50.000 |
Acquisition cheptel ovin |
Nb
|
50
|
75.000 |
|
|
|
125.000 |
Formation de la population
et des futures membres du GDA
|
DT |
FF
|
30.000 |
|
|
|
30.000 |
Frais d’encadrement et de suivi |
Directeur de Projet |
1200/mois
|
24
|
28.800 |
2 animateurs |
650/mois
|
24 |
31.200 |
Frais Généraux |
|
|
11.000 |
|
|
|
71.000 |
Total général |
800.000 |
Chronogramme de l’Exécution
: 24 Mois
Lire
le chronogramme
1. Résultats attendus du projet:
Le projet améliorera les conditions de vie d'un total de
1200 personnes en augmentant les revenus et les possibilités
d'emploi, et en réalisant des investissements cruciaux dans
les infrastructures et la conservation des ressources naturelles
et le développement des activités hors sol.
Les avantages principaux du projet seront les suivants: (i) augmentation
des revenus agricoles et non agricoles et; (ii) contribution à
la protection de l'environnement.
Augmentation des revenus
Le projet augmentera les revenus agricoles au moyen d'augmentation
de la productivité agricole aussi bien animale que végétale.
Les augmentations de la productivité agricole parviendront
de l'effet combiné d'une technologie améliorée
et des travaux de conservation des eaux et du sol sur l'exploitation.
Le projet augmentera également les revenus par la création
d'emplois et la promotion d'activités génératrices
de revenus para-agricoles destinées prioritairement aux jeunes
paysans et aux femmes (apiculture, jardins familiaux, petits métiers,
élevage,…).
Impact sur l'environnement:
L'impact du projet sur la protection des ressources naturelles et
la préservation de l'environnement s'appuie non seulement
sur des actions spécifiques de plantation et d'amélioration
des parcours mais aussi sur l'ensemble du programme d'intervention
à caractère intégré y compris l'important
volet d’encadrement de la population dans le processus engagé
et les mesures d'économie du bois.
L'adhésion des habitants du douar aux différentes
activités du projet faciliterait l'adoption par ceux-ci des
techniques développées et des changements à
apporter et par-là une meilleure exploitation des ressources
naturelles.
Dans le domaine des productions végétales, l'impact
de l'apport du projet sur la protection de l'environnement ne serait
que positif. En effet, le projet s'intéressera à des
petites exploitations qui, par leurs superficies agricoles réduites,
sont moins consommatrices d'intrants que les grandes exploitations
des plaines. Egalement, l'encadrement très rapproché
de celles ci par les techniciens du projet sont de nature à
éviter des utilisations abusives d'intrants par une exploitation
appropriée garantissant ainsi une amélioration sensible
des revenus tirés de l'exploitation et une stabilité
du sol.
Les actions de conservation des eaux et du sol, le développement
de l'arboriculture contribueraient d'une manière efficace
à une meilleure conservation,des sols contre l'érosion
et diminueraient la pression des animaux et des riverains sur l'espace
forestier.
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